Lu dans la presse

Faisons de la malnutrition l'objectif zéro des OMD






L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) vient d'annoncer la baisse des chiffres de la faim dans le monde. 925 millions de personnes souffrent aujourd'hui de la faim, contre un peu plus d'un milliard en 2009. Devons-nous nous réjouir d'un tel constat ? Pour Action contre la Faim (ACF) qui combat ce fléau sur le terrain depuis plus de 30 ans, la réponse est non ! Les 20 et 21 septembre a lieu à New York le plus grand sommet organisé par les Nations unies depuis 2000. Ce rendez-vous vise à rappeler aux 144 chefs d'Etat annoncés leurs promesses quant à huit objectifs pour le développement à échéance 2015. Il est malheureusement acquis que de sérieux retards ont été pris pour honorer ces engagements aux yeux du monde. Les 55 millions d'enfants de moins de 5 ans qui souffrent encore de malnutrition aiguë et les 3,5 millions qui en meurent chaque année en sont un terrible exemple. L'enjeu du sommet tient à la capacité des dirigeants à prendre la mesure du risque d'échec pour la réalisation des OMD et à s'engager dans des actions concrètes.
Pour ACF, la lutte contre la malnutrition représente non seulement un combat humanitaire, mais aussi un levier pour le développement. Quand elle ne tue pas, la malnutrition handicape l'avenir de l'enfant qui a été atteint. De fait, elle pèse sur le développement économique des Etats et est un prérequis essentiel à la réalisation de tous les OMD. Le rapport d'étape des Nations unies sur la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) publié en juin dernier constate qu'un enfant sur 4 souffre encore d'insuffisance pondérale. Nous sommes aussi bien loin de l'objectif de réduction de deux tiers de la mortalité infantile, dont l'une des causes majeures est la malnutrition. Le rapport prévient que seulement 10 des 67 pays ayant des taux de mortalité infantile élevés sont sur la bonne voie tandis que certaines zones ont de très grandes difficultés, à l'image de l'Afrique subsaharienne.
Les interventions pour lutter contre ce fléau ne doivent pas se limiter à des réponses de court terme car la forte prévalence de la malnutrition érode les efforts menés pour le développement des pays. Son impact sur la santé, l'éducation et la productivité économique reste très insuffisamment pris en compte. On sait par exemple que le coût de la malnutrition représente 2 à 3 % du PIB des pays affectés alors que le coût global des traitements est estimé entre 4,5 et 9,1 milliards de dollars par an. Les investissements en matière de nutrition plafonnent aux alentours de 235 millions d'euros depuis dix ans et sont près de vingt fois moins importants que l'aide consacrée au VIH-SIDA, qui a connu une spectaculaire et heureuse croissance depuis le début des années 2000. Il n'y a donc pas de fatalité en ce domaine si la volonté politique existe.
La France doit jouer un rôle moteur dans l'accélération des efforts pour réaliser les OMD et en particulier dans la santé maternelle et infantile dont la nutrition est l'un des piliers. Lors du dernier G8 à Muskoka, le gouvernement français a annoncé des engagements financiers, mais depuis deux mois, rien de concret n'a encore été mis en œuvre.
Le rendez-vous de New York doit être l'occasion d'annoncer un "plan d'urgence nutrition". Face à la mort de 10 000 enfants chaque jour, les Etats du monde entier ne peuvent rester sourds. Un plan d'action ambitieux doit être mis en œuvre pour diminuer de moitié les chiffres de la malnutrition infantile à l'horizon 2015. Cette ambition doit devenir l'objectif zéro des OMD.

publié par delvis